Stéphane Chaudesaigues

Tatouage, gastronomie & terroir en Cantal – Le blog vivant de Stéphane Chaudesaigues

La politique vue depuis un atelier, un restaurant et un village

jeudi 11 décembre 2025
La politique vue depuis un atelier, un restaurant et un village

Parfois, il faut sortir du tatouage, de la cuisine et du quotidien pour parler de ce qu’on voit vraiment. Ni discours, ni militantisme : juste un regard de terrain, celui d’un homme qui travaille et qui constate. Ce texte n’est pas là pour convaincre, seulement pour dire ce que je vois, depuis un atelier, un restaurant et un village.

I. Les symboles : magnifiques en façade, bancals de l’intérieur

En France, on avance rarement avec des visions. On avance avec des symboles.
Marianne sur les courriers, surtout ceux où l’on t’ordonne poliment de payer, le drapeau à toutes les sauces, la devise républicaine affichée partout comme un rappel permanent d’un cadre qu’on ne respecte plus vraiment.

On célèbre la liberté en étouffant le travail sous les normes.
On prône l’égalité en laissant les mêmes fractures se creuser.
On parle de fraternité tout en se divisant sur absolument tout.

On se proclame laïques tout en revendiquant un héritage de “fille aînée de l’Église”.
À force, tout cela sonne un peu creux.

Marianne reste belle.
C’est tout le reste qui se fissure.

II. Ni droite ni gauche : choisir un camp, c’est renier l’autre moitié de soi

Je regarde ce qui se passe, et je vois la même pièce jouée encore et encore.

La droite adore les symboles… mais oublie les vivants.
La gauche brandit l’égalité comme un étendard, mais se détourne de Marianne dès que son visage ne colle plus à son confort idéologique.
L’extrême droite tend à s’approprier certains symboles pour les intégrer à son histoire.
L’extrême gauche se perd dans un clientélisme communautaire où la conviction passe après la promesse électorale.

Et on voudrait que je choisisse un camp.

Comment choisir entre ceux qui trahissent les symboles et ceux qui les méprisent ?
Entre ceux qui veulent serrer la vis et ceux qui veulent tout dissoudre ?
Entre ceux qui parlent du peuple sans jamais le voir, et ceux qui défendent le travail sans y toucher ?

Se ranger, ce serait renier une part de ce que je tiens pour vrai.
Alors je ne me range pas.
Je travaille.
C’est déjà un camp en soi.

Reconnaître sans appartenir

Je ne m’interdis pas d’écouter certaines voix.
Il m’arrive, par exemple, de prêter attention à Sarah Knafo. Pas par adhésion, pas par ralliement, mais parce qu’il arrive que ses analyses touchent ce que d’autres refusent d’aborder. Quand quelqu’un décrit le pays comme je le vois au quotidien, j’écoute.
Reconnaître une part de vérité n’engage à rien. Ça évite juste de faire semblant.

Il m’arrive aussi d’écouter Philippe de Villiers. Pas pour suivre une ligne politique, mais parce qu’il met parfois des mots sur cette fatigue, ce déclin organisé, cette perte de sens que je vois moi aussi. Je ne prends pas tout, loin de là, mais certaines de ses analyses résonnent avec ce que j’observe sur le terrain, à Paris comme à Avignon, et jusque chez nous.
Là encore : reconnaître ce qui sonne juste ne revient pas à embrasser le reste.

III. Le décalage entre ceux qui parlent et ceux qui travaillent

Depuis un atelier, un restaurant ou une salle de sport comme le Garage, la politique n’a rien d’une idée abstraite.
Elle se manifeste sous la forme d’un contrôle impromptu, d’une facture incompréhensible, d’une norme absurde, d’un impôt tombé au pire moment.

La France adore débattre.
Chaque matin, une nouvelle polémique, une nouvelle posture, un avis tonitruant.
Pendant ce temps, ce sont toujours les mêmes qui ouvrent les portes, accueillent, réparent, cuisinent, s’entraînent, prennent des risques.

On ne parle jamais d’eux.
Pourtant, ce sont eux qui empêchent la machine de s’effondrer.

IV. Le terrain : là où la politique cesse d’être un concept

Depuis un village, les choses sont plus simples, donc plus vraies.

La politique, ici, c’est un médecin qui s’en va.
Un service public qui ferme.
Un transport scolaire qu’on retire.
Une facture EDF délirante.
Une taxe surprise.
Une règle inventée pour satisfaire un tableau Excel.

Le terrain ne ment pas.
Les discours, si.

Et moi, comme tant d’autres, je continue d’accueillir, de cuisiner, de travailler, de régler les problèmes du quotidien.
Parce que si je m’arrête, personne ne viendra faire ma part.

V. Le paradoxe français : un pays qui tient debout malgré lui

La France se contredit, se complique, se perd parfois.
Et pourtant, elle tient.

Elle tient grâce à ceux qui ne renoncent pas.
Grâce aux villages qui continuent à vivre.
Grâce à ceux qui comblent les failles creusées par les discours.

Le pays tient parce que des millions de personnes font ce qu’il faut, pas parce qu’on leur dit quoi faire.

VI. Conclusion : ni drapeau, ni camp, juste une position debout

Je ne suis ni militant, ni idéologue, ni porte-parole.
Je suis un homme qui travaille.
Un homme qui regarde le pays depuis un atelier, un restaurant, une salle de sport, une rue de village.
Je ne fais pas de politique.
Mais j’en subis les effets chaque jour.

On ne change pas un pays.
On y contribue.
On laisse quelques lignes, quelques lieux, quelques gestes qui tiennent debout.

Le reste appartient à ceux qui parlent.
Moi, je continue à travailler.

Ce coq-là n’est ni une caricature ni un drapeau. C’est juste une image : un symbole qui essaie encore de tenir droit. On connaît tous ça.