Fermeture du thermoludisme à Caleden : où en est-on ?

Plus que jamais, Chaudes-Aigues entre dans une année incertaine avec la fermeture, depuis la fin 2018, de l’un de ses attraits touristiques majeurs : le centre thermoludique de Caleden. Plus d’un mois après notre cri d’alarme, où en est la situation ? Quelle est la réponse des dirigeants du complexe ? Quels acteurs publics ont été sollicités ? Synthèse.

Chaudes-Aigues : une réputation et une économie basées sur les eaux chaudes

Au croisement de deux rues, sur la place du Marché ou encore au comptoir de Biche, au chaud dans le pub local, il est devenu le sujet qu’on n’évite plus, et qu’on aimerait pourtant oublier. Caleden est un complexe thermal devenu, au fil des années, l’une des vitrines de Chaudes-Aigues, petit village cantalien connu depuis l’Antiquité pour abriter la source d’eau la plus chaude d’Europe. Or, la fermeture d’un de ses pans majeurs préoccupe fortement les villageois, et pour cause : elle a déjà commencé à dégrader le tissu économique de la commune.

Parce que la nature a doté Chaudes-Aigues d’eaux dites miraculeuses, la géothermie fait partie intégrante de la culture de la commune : c’est elle qui, chaque année, attire des milliers de visiteurs dans notre ville et ses alentours. Caleden est le symbole le plus vibrant de cette culture : en hiver comme en été, le complexe contribue au rayonnement du village à l’échelle nationale et internationale.

Station thermale et thermoludique s’élevant sur l’avenue traversant le village, Caleden est constituée de plusieurs espace articulés autour du bien-être et de la santé. Le principal d’entre eux est le centre thermoludique : c’est lui qui, chaque année, attire environ 46 000 visiteurs (selon les derniers chiffres disponibles), et participe à la prospérité des commerçants et autres socio-professionnels caldaguès.

Mais au début du mois de septembre 2018, cet espace a fermé ses portes, largement en avance sur son habituelle fermeture saisonnière – le tout sans aucun préavis ni explication.

Trois mois durant, mon épouse Cécile Chaudesaigues et moi-même avons tenté d’obtenir des explications de la part de M. Jean-Marc Dolon, directeur général de Caleden. Qu’est-ce qui justifiait une fermeture aussi abrupte ? Mais surtout, à quand une réouverture de ce pan aussi essentiel pour la vigueur du village ?

Car c’est là toute la problématique : face au mutisme servi par Caleden quant à l’étendue des travaux et le calendrier du chantier, les commerçants, hôteliers ou encore loueurs de meublés ont été dans l’incapacité totale d’anticiper l’impact d’une telle fermeture sur leur activité. Un facteur désastreux qui a déjà causé des dégâts sur le chiffre d’affaires de plusieurs acteurs locaux.

L’inquiétude croissante et légitime des villageois nous a poussé à monter une pétition visant à réclamer à la direction de Caleden, une réunion d’information entre elle et les habitants du village sur les travaux de l’espace thermoludique. En cumulant les signatures récoltées sur internet via la plateforme Change.org et celles recueillies sur papier à différents points de la commune, la pétition a obtenu près d’un millier de paraphes – soit le nombre d’âmes vivant à Chaudes-Aigues.

Ce qu’en disent la direction de Caleden… et les clients éconduits

Devant un tel plébiscite, M. Dolon s’est décidé à prendre la parole publiquement dans divers journaux locaux. Au mois de janvier 2019, dans le quotidien régional La Montagne, il expliquait avoir découvert en septembre 2018 qu’un arbalétrier était fissuré dans la toiture et que, par mesure de sécurité, la direction avait choisi d’immédiatement fermer l’espace thermoludique et de dépêcher un expert. Du propre aveu de M. Dolon, l’expertise a duré jusqu’à la fin du mois de novembre 2018 et a finalement porté sur l’ensemble de la toiture car d’autres défauts ont, entre temps, été découverts.

En conclusion, toute la toiture, qui date de 2009, semble impactée, et le chantier de réfection s’annonce majeur.

Le principe de précaution mis en place par Caleden est tout à fait compréhensible et doit être salué. Mais n’aurait-il pas été plus avantageux pour tout le monde d’utiliser ce principe dès 2009 et la procédure judiciaire entamée suite aux réserves émises sur les procès-verbaux de réception lors de la fin du chantier ? N’aurait-il pas été possible, au cours de la décennie (!) écoulée, de réparer ou renforcer les arbalétriers ?

Car concrètement, où en sommes-nous ? Que s’est-il passé depuis la mise en route de la procédure judiciaire et la mise en cause des entreprises ? Cet arrêt brutal du thermoludisme aurait nécessité une réunion en mairie avec les acteurs locaux, afin de livrer une information fiable et directe. Cet arrêt, compréhensible en septembre, l’est moins en janvier, dès lors que les expertises se sont terminées en novembre et que nous ne savons pas si le thermoludisme va rouvrir en mars ou non.

À ce jour, nombre de villageois reprochent à Caleden son profond défaut de communication quant à cette fermeture. Les premières victimes, ce sont les clients de Caleden eux-mêmes, comme le montre certains commentaires postés notamment sur la plateforme TripAdvisor par des visiteurs ayant trouvé porte close une fois seulement rendus au centre thermoludique. Mais ceux qui en pâtissent le plus, ce sont bel et bien les acteurs du tourisme du village ; sans calendrier significatif ni transparence quant à l’étendue des travaux, tous sont voués à redoubler d’efforts pour ne pas mettre la clé sous la porte.

Des personnalités publiques invitées à réagir et agir

Face à cette situation catastrophique, une poignée d’irréductibles Caldaguès a refusé de rester inactive. Outre la pétition mise en place, nous avons participé à la création d’un groupe de travail et sommes entrés en contact avec des personnalités publiques liées à Caleden et au développement local :

  • M. Jean-Marc Dolon, directeur général de Caleden ;
  • M. Didier Achalme, vice-président du Conseil départemental du Cantal (principal actionnaire de Caleden) et directeur de Caleden ;
  • M. René Molines, maire de Chaudes-Aigues ;
  • M. Pierre Jarlier, président de Saint-Flour Communauté, communauté de communes incorporant Chaudes-Aigues ;
  • M. Jean-Yves Bony, député de la circonscription du Cantal incorporant Chaudes-Aigues ;
  • M. Bruno Faure, président du Conseil départemental du Cantal ;
  • M. Bernard Delcros, sénateur du Cantal.

Aujourd’hui, le souhait des villageois est qu’émerge, grâce aux efforts et à l’engagement de tous, une solution pour rouvrir au plus vite le thermoludisme à Chaudes-Aigues. L’urgence de la situation n’est plus à démontrer : alors que le manque à gagner au dernier trimestre 2018 était de 40 à 50 % en fonction des professionnels du village, beaucoup d’entre eux craignent pour leurs finances sur les 6 prochains mois.

Avec la fermeture du thermoludisme, c’est une crise supplémentaire qui s’abat sur une commune peinant réellement à faire venir des investisseurs, à ne pas perdre ses jeunes, à améliorer son urbanisme, et à moderniser sa communication. L’enjeu qui se dessine n’est autre que celui de ne pas voir mourir encore un territoire rural qui, comme nombre de ses semblables, peine à trouver sa place dans ce 21ème siècle tourné vers les grandes métropoles. Cet hiver, les eaux chaudes de Chaudes-Aigues ont bien malheureusement quelque chose de glaçant.