La condamnation d’un Chaudesaiguois pour vol de fonds municipaux

Au tribunal d’instance d’Aurillac, un Chaudesaiguois vient d’être condamné pour vol de fonds destinés à la mairie du village. L’occasion de prendre du recul pour tenter de comprendre les agissements des uns, et adopter des réponses pertinentes dans un contexte apaisé.

Dans l’article publié le 1er octobre 2018 dans La Voix du Cantal et titré Condamné pour avoir "piqué dans la caisse" de la mairie de Chaudes-Aigues, le prénom du protagoniste a été modifié. Le 20 septembre, "Bastien" devait répondre à la barre du tribunal d’Aurillac de "soupçons de vols d’argent appartenant à la mairie de Chaudes-Aigues".

Les sommes en jeu ? 1 725 euros dérobés dans la caisse de la piscine, 1 500 euros issus des bornes de camping-cars et de location de places pour le marché, et 1 327 euros pris de la caisse du cinéma.

"C’est le vol de la caisse de la piscine qui a déclenché une enquête de la gendarmerie", écrit Nicolas Gastal. L’auteur de l’article explique que les soupçons se sont "rapidement" portés sur un employé qui détenait les clés de chacun des lieux concernés : Bastien.

Devant le tribunal, Bastien a reconnu le vol des 1 500 euros, sans en faire autant pour les autres larcins. "J’étais à court d’argent, mais je ne sais pas pourquoi j’ai fait cela", a-t-il confié à la barre.

Pour le maire de Chaudes-Aigues, Bastien est "un cas social". René Molines justifie la présence de l’accusé dans l’administration caldaguès : "J’ai dû faire avec car ce sont mes prédécesseurs qui l’ont embauché. Je l’ai stoppé dans ses fonctions pour récolter l’argent des camping-cars et du marché". Et de défendre son subalterne : "Pour les deux autres vols, c’est mon sentiment personnel, mais je ne suis pas sûr que ce soit lui". La Justice semble partager l’avis du maire : "Reconnu coupable d’un seul vol, Bastien a été condamné à rembourser la somme de 1 500 euros à la mairie", conclut l’article. "Il a été relaxé des autres faits".

Ce fait divers doit nous rappeler que la vie ne nous épargne pas tous – elle le fait même très rarement. Peut-on contredire le fait que l’existence et le quotidien se montrent plus difficiles pour certains que pour d’autres ?

Je connais "Bastien", et je ne suis pas le seul. Ici, nous le connaissons tous : c’est le propre des petits villages comme Chaudes-Aigues, où tout le monde connait tout le monde. Or, pour qui côtoie Bastien, la question laisse peu de doute : il s’agit bien plus d’un véritable problème de fond – à régler, bien sûr – que d’une réelle volonté de nuire.

Le qualificatif employé par René Molines m’a laissé perplexe. On ne connait que trop bien la connotation péjorative de l’expression "cas social", qui désigne non sans mépris une personne à problèmes et témoignant souvent d’un comportement en marge. Était-elle, ici, bien nécessaire ? Peut-elle vraiment résumer à elle seule les nuances de misère humaine, affective ou sociale qui entoure un individu ?

Je doute, qui plus est, que le caractère "marginal" de Bastien ait pu constituer son principal critère d’embauche, comme le sous-entend l’élu. Pour mémoire, certains postes dans les administrations et la fonction publique sont réservés ou attribués à des personnes qui peuvent demander un "encadrement" bienveillant. Cet encadrement, Bastien en a besoin.

Son geste reste grave, parce qu’il peut être lourd de conséquences. Mais ne peut-on saluer la clémence du juge, qui n’aura retenu d’autre peine qu’un remboursement des sommes dérobées et un rappel à l’ordre ?