Stéphane Chaudesaigues

Tatouage, gastronomie & terroir en Cantal – Le blog vivant de Stéphane Chaudesaigues

La séance du mardi : une tradition, une fraternité, un esprit qui perdure

samedi 01 février 2025
La séance du mardi : une tradition, une fraternité, un esprit qui perdure

Il y a des habitudes qui deviennent des rituels. La séance du mardi en fait partie. À l’origine, ce n’était qu’un prétexte pour s’entraîner ensemble : Sébastien Trudel, Steven Chaudesaigues – mon fils aîné, et moi. Trois tatoueurs, trois tempéraments, trois parcours, réunis par la même envie : pousser, tirer, transpirer, et surtout partager quelque chose de vrai, loin du bruit du monde.

Au fil des semaines, ce rendez-vous est devenu bien plus qu’un simple entraînement. La séance du mardi nous donnait une structure, une régularité, une raison de nous retrouver pour forger nos corps autant que nos liens. D’un groupe musculaire à l’autre, d’une séance à l’autre, on entretenait l’amitié, la transmission, mais aussi la lucidité : rien n’est jamais acquis, ni dans le tatouage, ni dans l’amitié, ni dans la relation père-fils, et encore moins dans la pratique sportive.

Le sport comme miroir du temps qui passe

Avec les années, la réalité s’impose. Le corps parle. Il marque. Il rappelle. Une amie me disait un jour qu’on ne peut rien faire contre le vieillissement, mais qu’on peut agir sur ce que l’on renvoie au monde. Sur notre posture, notre silhouette, notre image. Et l’image, dans nos métiers de portraitistes et tatoueurs, difficile d’y échapper.

Nous sommes tatoueurs, donc tatoués, donc sensibles à tout ce qui touche à l’apparence : non par vanité, mais parce que le corps est notre territoire d’expression. Le sport, la musculation, l’hypertorphie musculaire, tout cela s’inscrit dans la même logique : transformer, améliorer, habiter autrement son propre corps. C’est une forme de modification corporelle parmi d’autres, mais elle demande du temps, de la rigueur, de la constance. Et surtout, elle ne ment pas.

De la séance du mardi à l’esprit du Garage

Aujourd’hui, la vie a avancé, les projets aussi. Nous ne nous retrouvons plus toujours tous les trois comme avant, mais l’esprit, lui, n’a pas disparu. Il a simplement changé d’adresse. À Chaudes-Aigues, il a trouvé un nouveau foyer : Le Garage, notre salle de musculation, aménagée comme un prolongement naturel de ce que nous étions autrefois autour d’un banc de développé couché.

Le Garage n’est pas une salle anonyme. C’est un lieu brut, simple, où l’on s’entraîne comme on respire : avec sincérité et respect. On y retrouve cette énergie, cette camaraderie, cette fraternité qui faisait la force de nos séances du mardi. On se dépasse, mais jamais seul. Et, quand on en a besoin, on peut aussi s’entraîner seul, dans le silence ou le vacarme des haltères, juste pour retrouver un peu de temps pour soi. Ce luxe-là, on le mesure d’autant plus qu’il devient rare.

L’accès n’y est pas libre : il se fait par recommandation ou parrainage, pour préserver l’ambiance, l’esprit du lieu et le sérieux du travail. Le point de rencontre reste naturellement Gourmet & Glouton, où l’on peut venir se renseigner… ou simplement demander « le tatoueur ». Le Garage perpétue ainsi ce que nous avions commencé il y a dix ans : un espace où l’on forge le corps, mais aussi l’entraide, la solidarité et la bonne humeur.

Un trait d’union entre tatouage, sport et communauté

Tatouer, c’est créer une image. S’entraîner, c’est en créer une autre. Les deux pratiques exigent du soin, de la régularité, de la technique et une vraie attention portée à soi. De la séance du mardi à aujourd’hui, rien n’a vraiment changé : il est toujours question de transformation, d’effort, de discipline et de respect mutuel.

Le Garage s’inscrit dans cette continuité. Il rassemble celles et ceux qui veulent avancer, se renforcer, construire, transmettre, et vieillir debout, sans renoncer à l’idée que le corps reste un territoire que l’on peut encore habiter pleinement.