Il y a des plats qui ne se contentent pas de nourrir le corps. Ils vous tendent une assiette et, avec elle, un souvenir.
Chez moi, les cuisses de grenouille, c’est l’été. C’est l’enfance. C’est le silence des prés à la tombée du jour, le bruit discret des bottes qui s’approchent d’une mare, et le crépitement doux d’une poêle où dansent l’ail et le persil.
Ce plat est revenu à la carte de Gourmet & Glouton comme une évidence.
Parce que notre cuisine ne se veut ni prétentieuse ni désuète : elle est vivante.
Et les cuisses de grenouille en font pleinement partie, avec leur simplicité malicieuse et leur pouvoir de surprise.
La tradition revisitée sans trahir l’essentiel.
On pourrait croire que les cuisses de grenouille sont un clin d’œil à la gastronomie bourgeoise. Mais elles sont avant tout un plat de terroir. Au Moyen Âge, les moines les mangeaient les jours maigres , parce qu’une grenouille, ça nage, donc c’est autorisé.
Plus tard, elles ont trouvé place sur les tables des auberges, des fêtes de village, et dans les cuisines de nos grands-mères. Aujourd’hui, chez Gourmet & Glouton, on les sert dodues, charnues, bien choisies.
Pas question d’en faire une miniature prétentieuse. Ici, on travaille des calibres généreux, qui tiennent leur place dans l’assiette. On les fait revenir doucement dans une persillade maison, avec juste ce qu’il faut d’ail, de beurre, de sel. Et on les accompagne de pommes de terre sautées, dorées, croustillantes à l’extérieur, tendres à l’intérieur.
Un lien entre eau chaude et fraîcheur des mares J’aime voir un clin d’œil entre les cuisses de grenouille et la Source du Par.
Bien sûr, ces batraciens-là n’ont jamais frayé dans une eau à 82°C. Mais symboliquement, le lien est là. Car ici, à ChaudesAigues, tout ramène à l’eau.
Celle qui soigne, celle qui surprend, celle qui relie. Et si les grenouilles aiment les eaux calmes, nous, nous aimons les traditions qui bougent encore.
Ces recettes qui vivent, qui remontent des profondeurs de nos mémoires pour sauter dans nos assiettes. Dans une époque où l’on dévore des contenus plus vite que des plats, il est bon de s’arrêter un moment et de se souvenir : manger, c’est aussi se rappeler.
Un plat qui rassemble et qui rassure.
Ce que j’aime dans les cuisses de grenouille, c’est qu’elles déconcertent autant qu’elles rassurent.
Certains clients les commandent avec un brin d’audace, d’autres avec la tendresse d’une madeleine de Proust. Mais tous finissent par saucer leur assiette.
Car bien cuisinée, la cuisse de grenouille a ce pouvoir rare : elle rassemble autour d’un goût juste. Chez nous, ce plat est revenu en toute simplicité.
Mais il a provoqué beaucoup d’émotions. Des rires. Des souvenirs. Des discussions entre générations.
Et c’est exactement cela que je défends dans notre cuisine : une forme de transmission vivante. Une gastronomie artisanale, enracinée, joyeuse.
Un clin d’œil à ceux qui ont grandi entre deux eaux Ce plat-là, c’est un hommage.
À ceux qui ont couru dans les champs, patiné dans les marres, écouté les clapotis.
À ceux qui aiment les vraies saveurs, les plats qui sentent le beurre chaud et la terre humide. À ceux qui savent qu’un bon repas peut réchauffer plus qu’un bain thermal. Alors oui, les cuisses de grenouille sont revenues chez Gourmet & Glouton.
Mais elles n’ont jamais quitté ma mémoire.