Stéphane Chaudesaigues

Tatouage, gastronomie & terroir en Cantal – Le blog vivant de Stéphane Chaudesaigues

Mallet, Fridefont et Chaudes-Aigues : là où commencent les Chaudesaigues

mardi 19 février 2019
Mallet, Fridefont et Chaudes-Aigues : là où commencent les Chaudesaigues

Mallet, les graines et la mémoire d’une famille

Marcher du côté de Mallet, c’est comme remonter un fil invisible qui me relie à ceux qui m’ont précédé. Ceux qui connaissent mon histoire comprendront sans peine pourquoi je reviens toujours vers ce lieu. Ce jour-là, en écartant les feuilles mortes, je tombe sur quelques graines à peine germées, fragiles et précieuses, comme si la terre avait choisi de me rappeler quelque chose d’essentiel.

Les cycles de la vie au bord du Bès

Nous sommes sur cette plage où l’on revient souvent en famille. Cécile ramasse au pied des grands chênes des capsules brisées par une mandibule. La scène me frappe par sa symbolique. Dans cette vallée, les cycles de la vie se montrent sans détour. Dans le creux de ma main, je tiens une promesse : celle d’un futur chêne. Comme tous les parents, j’y vois la force, la tenue, la résistance que l’on espère transmettre à nos enfants.

Aux sources du nom Chaudesaigues

L’histoire de mes ancêtres pousse ici, littéralement. C’est dans cette vallée que le nom Chaudesaigues a pris sens, longtemps avant que Mallet ne soit recouvert par les eaux du barrage de Grandval. Le lien entre l’eau, le feu, les sources chaudes et notre patronyme est plus qu’un symbole. C’est un fil rouge. Mes recherches généalogiques m’ont ramené de Mallet à Fridefont, là où vivaient les premiers porteurs du nom. Et ce lien, je le sens encore sous mes pieds.

Fridefont, Sarrus, Mallet : un territoire réinventé mais jamais oublié

Avant la construction du barrage, ces villages vivaient, disparaissaient, renaissaient au gré des divisions administratives. Mais pour les familles, rien ne disparaît vraiment. Les Chaudesaigues ont vécu là, dans ces reliefs escarpés où les ruisseaux, les hameaux et les histoires se croisent sans jamais vraiment s’effacer.

Étienne Chaudesaigues : du Cantal à Paris et retour par le sang

Le premier à quitter cette vallée fut Étienne, au XVIIIe siècle, partant rejoindre Paris comme tant d’Auvergnats de son époque. L’un de ces bougnats de la première heure, poussés à l’exode par nécessité plus que par choix. Deux siècles plus tard, la boucle s’est refermée. Là où Étienne est parti, j’ai choisi de revenir. Ce retour n’a rien d’un hasard. Il est un mouvement naturel, presque inscrit dans la lignée.

Le barrage de Grandval : la mémoire engloutie

Lorsque le barrage a été mis en eau en 1959, Mallet a disparu physiquement. Mais jamais dans la mémoire. Cette vallée engloutie garde encore les traces de ce que furent les villages de nos ancêtres. Autour, tout continue de parler : les gorges du Bès, les reliefs du Gévaudan, le viaduc de Garabit comme un trait rouge qui relie le passé au présent.

Louison et les cailloux : transmettre ce que l’on sait être essentiel

Loulou, la petite dernière, lance des cailloux dans l’eau. Elle teste sa force. « Je suis forte, hein papa ? » Oui, ma fille. Plus que tu ne l’imagines. Ce geste simple me renvoie à la lutte constante que la vie impose. Nos ancêtres ont dû lutter pour partir. Nous avons dû lutter pour revenir. Elle devra lutter pour comprendre, pour trouver sa place, pour continuer ce que l’on construit.

Une lignée dispersée puis rassemblée

Entre les graines dans la main, les villages engloutis, les siècles d’exode et de retour, j’ai compris que le véritable héritage n’était pas seulement un nom. C’est une continuité. Une famille. Une volonté têtue de rester debout malgré les cycles, malgré les disparitions, malgré les eaux qui montent.

Chaudes-Aigues : le retour à la source

De Mallet à Fridefont, des gorges du Bès à Chaudes-Aigues, tout nous ramène à cette vallée où les sources fument encore. À ce village où la source du Par coule à 82°C comme un rappel permanent de l’endurance des nôtres. C’est ici que l’histoire familiale a repris racine. Ici que tout recommence.