Stéphane Chaudesaigues

Tatouage, gastronomie & terroir en Cantal – Le blog vivant de Stéphane Chaudesaigues

Chaudes-Aigues : ce que je vois, ce que j’entends, et ce qui m’inquiète

jeudi 13 novembre 2025
Homme en situation d’errance à l’entrée de Chaudes-Aigues, source d’inquiétude pour les habitants et les visiteurs.

Une scène quotidienne qui interpelle

Depuis plusieurs semaines, je vois la même scène chaque matin en ouvrant mon restaurant et mon atelier : un homme installé à l’entrée du village, sur le bord de la départementale, vivant dehors, sans abri, sans accompagnement. À Chaudes-Aigues, un village où tout le monde se connaît, ce genre de situation ne passe jamais inaperçu. Et depuis quelque temps, elle pèse sur l’ambiance générale, sur les discussions, et même sur le quotidien des habitants.

Je ne parle pas ici d’un jugement porté contre cet homme. Je parle de faits. De cris nocturnes qui réveillent les riverains. De comportements imprévisibles qui inquiètent les parents lorsque leurs enfants sortent de l’école. De personnes âgées qui n’osent plus passer seules à certains endroits. Et de visiteurs qui arrivent dans notre station thermale en se demandant pourquoi un homme vit au bord de la route, exposé au froid, alors qu’ils viennent chercher calme, soin et bien-être.

Une situation humaine, mais aussi administrative

D’après les informations transmises par la mairie, cet homme serait placé sous OQTF. C’est un statut complexe, qui dépasse largement les capacités d’une petite commune rurale. Ici, nous n’avons pas de centre d’accueil, pas de service de maraude, pas d’infrastructure sociale ou médicale capable de traiter des situations aussi sensibles.

Avec l’hiver qui arrive, la question devient encore plus urgente : comment un homme, quel qu’il soit, pourrait-il passer des nuits glaciales dehors sans mettre sa santé – et sa vie – en danger ?

Des témoignages de plus en plus nombreux

Ces dernières semaines, j’ai entendu beaucoup de choses. Au restaurant, au marché, devant l’école, chez les commerçants. Des parents inquiets. Des habitants qui ne se sentent plus sereins. Des curistes qui s’interrogent. Et surtout une question simple qui revient sans cesse : « Pourquoi rien ne bouge ? »

Ce n’est pas de la colère. C’est un mélange de malaise, d’incompréhension et de lassitude. Notre village est accueillant, notre communauté est solidaire, mais nous ne pouvons pas tout gérer seuls. Une situation comme celle-ci dépasse les moyens humains et logistiques que nous avons ici.

Une démarche collective pour alerter les autorités

Face aux remarques récurrentes de nos clients et de nos visiteurs, certains acteurs économiques – dont moi-même – ont décidé d’écrire officiellement à la mairie, au préfet du Cantal et à plusieurs députés. L’objectif n’était pas de dénoncer qui que ce soit, mais de dire la vérité : nous avons besoin d’aide.

Nous demandons qu’une solution digne soit trouvée pour cet homme ; qu’il soit accompagné, orienté, mis à l’abri dans une structure adaptée. Nous n’avons pas les moyens de le faire ici. Ce n’est ni une question d’image, ni une question de réputation touristique : c’est une question d’humanité et de sécurité.

Un contexte national qui n’aide pas à apaiser les esprits

Les récents faits divers impliquant des personnes sous OQTF n’ont rien arrangé. Ils créent un climat où tout le monde est sur ses gardes. Même si chaque individu a son histoire et que chaque situation mérite nuance, l’actualité n’aide pas à calmer les inquiétudes des habitants. Et je le vois tous les jours.

Un moment crucial pour Chaudes-Aigues

Cette situation arrive au pire moment. Après sept ans d’attente, la partie thermoludique de Caleden vient de rouvrir. C’est un tournant pour le village, un espoir de relance économique, un appel d’air pour nos artisans, nos commerçants, nos hébergeurs.

Et pourtant, l’image que les visiteurs découvrent en arrivant n’est plus celle d’un village serein, mais celle d’une détresse humaine exposée en bordure de route. C’est un choc. Et c’est une menace pour toute la dynamique que nous tentons de relancer depuis des années.

Un appel simple : agir, et vite

Au-delà des problématiques administratives, il y a un homme dehors, en plein hiver.
Au-delà des inquiétudes des habitants, il y a une commune qui n’a pas les moyens de gérer seule ce qui la dépasse.
Au-delà des débats, il y a une urgence humaine et sociale.

Je souhaite, comme beaucoup ici, que les pouvoirs publics trouvent une solution rapide, adaptée et digne. Pour cet homme, d’abord. Pour les habitants, ensuite. Et pour que Chaudes-Aigues retrouve l’apaisement auquel nous tenons tous.