Chaudes-Aigues, "l’un des plus fascinants villages de France" pour France 3

Le mercredi 25 avril 2018, France 3 consacrait un reportage à la ville de Chaudes-Aigues baptisé Le village bâti sur la source la plus chaude d’Europe. Vous l’avez manqué ? Séance de rattrapage.

Revoir Météo à la carte à Chaudes-Aigues : le village bâti sur la source la plus chaude d'Europe

"Chaudes-Aigues vient du latin Calentes Aquae, qui veut dire les eaux chaudes", introduit Sophie, habitante du village depuis 25 ans et guide touristique. "Et les habitants s’appellent Caldaguès – les eaux chaudes, si vous préférez", complète Damien, lui aussi guide conférencier. Lorsque la voix off prend le relai, c’est pour annoncer que "nous sommes à Chaudes-Aigues, dans le Cantal, et c’est certainement l’un des plus fascinants villages de France".

"À 82 kilomètres à l’est d’Aurillac, niché au cœur d’une petite vallée", situe le reportage, "les habitants peuvent se réchauffer gratuitement pendant les saisons fraiches". Pourquoi ? Parce qu’"aux quatre coins des rues jaillissent en permanence des sources d’eau chaude naturelle. Et les vapeurs qui s’en dégagent lui offrent une ambiance toute particulière".

"On compte 32 sources d’eau chaude dans la ville : 27 privées et 5 publiques, qui varient de 52 à 82°C", liste Sophie, qui sillonne toute l’année les ruelles étroites de Chaudes-Aigues pour transmettre aux visiteurs sa passion pour ce patrimoine naturel exceptionnel. "Cette eau a des propriétés blanchissantes" explique-t-elle, "puisqu’elle contient énormément de bicarbonate de soude qu’elle a puisé en s’infiltrant dans les profondeurs de la terre". Et de confier : "Dans ce village, tout me plait : c’est vraiment un bonheur d’habiter ici". Un constat que je partage de tout mon cœur…

"On ne peut pas repartir de Chaudes-Aigues sans avoir mis la main sous l’eau chaude", prévient Sophie… mais avec prudence : "Très vite, comme ça". Devant le musée de la géothermie et du thermalisme, duquel notre maison n’est éloignée que de quelques pas, elle dresse un point historique : "Lorsque ce quartier est né, puisque c’est le plus ancien quartier du village, les autochtones ont décidé de construire les maisons sur les sources privées. Et dès le départ, ils ont commencé à exploiter l’eau pour la cuisine : ils y faisaient cuire les œufs, ils faisaient la soupe avec, ils faisaient cuire la viande… C’était très fréquemment utilisé au Moyen-Âge".

"À Chaudes-Aigues, surtout lorsque les beaux jours reviennent, il est courant de cuisiner dans les fontaines". Selim Sedjar, boucher, décrit : "On a fait un petit boudin à la source. Si on peut y trouver une différence, c’est qu’il est beaucoup moins coagulé, parce que c’est une cuisson qui est autour de 80°C". Et d’asséner : "La source, c’est super : c’est le centre d’intérêt du village".

"Cette source porte le nom de source du Par", reprend le reportage. "Une référence à une tradition ancienne qui consistait à parer le cochon en hiver" (en boucherie, parer signifie enlever d’un morceau de viande la peau, les aponévroses et les graisses superflues pour le rendre propre à la consommation ou pour en améliorer la présentation). "Elle est aujourd’hui la plus importante de la commune", vante la voix off. "Son débit de 5 litres par seconde permet d’alimenter encore quelques privilégiés".

En effet, de la mi-octobre à la fin avril, 150 maisons sont chauffées par les sources. "C’est ici qu’est né le premier chauffage collectif au monde en 1332", dévoile Sophie. "Mais aujourd’hui à Chaudes-Aigues, il ne reste plus que deux quartiers chauffés avec ces sources privées, et qui ont des échangeurs de chaleur pour chauffer les étages".

Chauffé par cette eau chaude, Patrick témoigne : "On paye, hein. Mais ce n’est pas grave. C’est un peu l’entretien, et tout ça. Mon arrière-grand-mère, elle payait 2,50 francs de l’époque", se souvient le Caldaguès. "Par mois ?", demande le journaliste, incrédule. "Par an !", conclut le villageois. "Moi, j’en suis à 200 euros par an".

Chaudes-Aigues est la seule commune du Cantal à posséder de telles sources d’eau chaude, et le fait avec la manière : "Chaque minute, ce sont plus de 500 litres d’eau minérale ardente qui surgissent des tréfonds. Elles sont la conséquence d’un sous-sol à la géologie toute particulière, vestige du volcanisme où s’infiltrent les eaux de pluie et de fonte des neiges".

"Ça prend environ 1 000 ans, entre le moment où l’eau de pluie tombe et le moment où elle rejaillit, chaude, à Chaudes-Aigues", vulgarise Damien, schéma à l’appui. "Pendant 1 000 ans, l’eau va ruisseler à travers des cheminées basaltiques [du basalte, une roche volcanique de couleur foncée]. Après, dans une nappe phréatique profonde, elle va se réchauffer, elle va être à 200°C, sous pression, et c’est le gaz carbonique qui va la remonter à la surface". C’est cela, ce qu’on appelle la géothermie.

La géothermie est une technique utilisée depuis des millénaires pour exploiter la chaleur stockée dans le sous-sol. Une illustration ? L’église de Chaudes-Aigues. "Il y fait chaud", constate Sophie. "À côté de l’arrivée d’eau, même un peu trop chaud", s’amuse Damien.

Grâce à ses ressources naturelles uniques, "Chaudes-Aigues est l’une des rares communes de France à pouvoir tempérer l’ambiance intérieure de son église sans dépenser un centime et sans aucun impact sur l’environnement. Il y a une pompe dans le ruisseau qui propulse l’eau chaude jusqu’ici". Ensuite, l’eau s’écoule dans les caniveaux, qui sont parallèles les uns aux autres, et qui sont recouverts par des ardoises, cette roche constituant un excellent conducteur de chaleur.

"L’eau qui réchauffe l’église actuellement", rappelle la guide, "elle est utilisée pour chauffer la piscine municipale en été". La piscine en été… et les thermes toute l’année. Deux lieux emblématiques auxquels ont pu s’essayer, depuis 2013, les festivaliers du Cantal Ink avant ou après notre rencontre estivale. "Car Chaudes-Aigues est avant tout une station thermale réputée, convoitée depuis l’Antiquité. Richesse indiscutable de la commune, ces sources considérées comme les plus chaudes d’Europe n’ont pas fini de rendre fiers et heureux tous les habitants".

Le mot de la fin, c’est Didier Achalme, président des thermes, qui le délivre. "Je crois qu’il y a beaucoup de villages de moins de 1 000 habitants comme Chaudes-Aigues qui aimerait avoir cette ressource naturelle que sont les eaux chaudes. C’est une retombée économique importante ! Il y a le soleil, il y a l’air, il y a l’eau chaude, il y a le minéral, et il y a la nature profonde. Et c’est très, très recherché".

Cette ode à l’histoire pluriséculaire du petit village cantalien et à ses entrailles bouillonnantes nous fait une nouvelle fois prendre conscience de sa richesse, de l’or liquide qui serpente ses sols, et de la nécessité d’y apporter la plus rigoureuse des attentions. À une heure où les pouvoirs publics s’éloignent des initiatives citoyennes – le Cantal Ink à Chaudes-Aigues, la Festa del Païs à Saint-Flour –, il est de notre responsabilité à tous de nous battre pour préserver ce qui forge l’identité de notre patrimoine.