Mallet, Fridefont, Chaudes-Aigues : aux sources du nom Chaudesaigues

Un nom qui remonte aux eaux chaudes
Le nom Chaudesaigues intrigue depuis toujours. Il raconte une histoire d’eau bouillonnante, de villages engloutis, de familles obstinées et d’un retour aux origines après plus de deux siècles. Retracer cette histoire, c’est remonter aux premières traces de la famille dans les gorges du Bès, au cœur du Cantal, entre Mallet, Fridefont et Chaudes-Aigues. C’est là que s’enracine une lignée marquée par l’exode rural, la survie, le courage et la transmission.
Family man : un fil qui traverse les générations
Chez les Américains, il existe l’expression “family man”, difficile à traduire mais facile à comprendre : un homme qui place la famille au-dessus de tout. Je n’ai jamais prétendu être grand-chose, mais ça, oui, je le revendique. C’est ce lien, cette filiation, qui m’a poussé un jour à ouvrir les registres anciens et à remonter le fil de nos ancêtres.
Sur la trace des eaux chaudes
Quelques noms flottaient dans ma mémoire, comme celui d’Eusèbe Chaudesaigues, architecte et Chevalier de la Légion d’honneur au XIXᵉ siècle. Mais rien de structuré. Rien qui raconte l’histoire complète. Alors j’ai fouillé, cherché, recopié, relié. Et ce patronyme, littéralement “les eaux chaudes”, m’a ramené là où tout commence : Mallet.
Mallet, le village disparu qui a vu naître les Chaudesaigues
Noyé sous les eaux du barrage de Grandval en 1959, le village de Mallet n’existe plus que dans les livres et les mémoires. C’est pourtant là que la lignée prend racine. Comme une Atlantide auvergnate, Mallet demeure un symbole : celui des origines invisibles mais bien vivantes.
Fridefont, Sarrus, les gorges du Bès : un territoire mouvant
Avant la Révolution, les villages étaient morcelés, déplacés, parfois effacés. Sarrus, Fridefont, Mallet… fusionnaient ou disparaissaient au gré des décisions administratives. Mais les familles, elles, restaient. Toutes mes branches généalogiques plongent dans ces hameaux tour à tour isolés ou intégrés, mais toujours accrochés aux gorges du Bès.
Étienne Chaudesaigues : avant même le mot “Bougnat”, un Auvergnat qui monte à Paris
Lorsque Étienne quitte Fridefont au XVIIIᵉ siècle pour rejoindre Paris, le mot “Bougnat” n’existe pas encore. Il n’apparaîtra qu’au XIXᵉ siècle, avec les générations d’Auvergnats charbonniers et cafetiers de la capitale. Étienne appartient donc à la génération d’avant : celle qui a emprunté la route avant même qu’on invente un mot pour ces migrants ruraux.
Historiquement, il n’est pas un Bougnat.
Mais il en incarne déjà la matrice : l’Auvergnat qui quitte ses terres, par nécessité, par courage, avec cette endurance qui marquera plus tard tout le mythe bougnat. Un pionnier discret. Celui qui ouvre la voie au mouvement, plutôt que de le suivre.
Le barrage de Grandval : quand l’histoire familiale disparaît sous l’eau
En 1955, les travaux du barrage débutent. En 1959, l’eau recouvre Mallet. Avec elle disparaît un morceau de l’histoire familiale. Mais le territoire, lui, continue à porter les traces du passé : les gorges du Bès, les pentes sauvages de la Margeride, et le viaduc de Garabit signé Eiffel, tel un fil rouge suspendu au-dessus du vide.
Chaudes-Aigues : un retour vers la source
Toutes les routes finissent par mener à Chaudes-Aigues. Le village, célèbre pour sa source du Par à 82°C, concentre l’histoire thermale, la mémoire gallo-romaine, et le destin de générations entières. C’est là que mes recherches ont mené. Et c’est là que je suis revenu, avec les miens.
Racines retrouvées, héritage assumé
Un proverbe japonais dit : “Laissez deviner aux hommes par vos propres exploits qui étaient vos ancêtres.”
C’est exactement la ligne directrice de toute ma démarche. Honorer ceux qui étaient là avant nous. Rendre quelque chose au territoire qui nous a nommés. Et continuer à bâtir, ici, sur ces terres où coulent encore les eaux chaudes qui ont donné naissance au nom Chaudesaigues.








